Titre : |
Biodiversité et gestion des écosystèmes prairiaux en Franche-Comté |
Type de document : |
Imprimé |
Auteurs : |
Leslie Mauchamp |
Editeur : |
Besançon : Université de Franche-Comté |
Année de publication : |
2014 |
Langues : |
Français (fre) |
Résumé : |
Les écosystèmes prairiaux sont soumis à une pression anthropique, essentiellement liée à la gestion agricole, qui permet de maintenir ces milieux ouverts. Cependant, lorsque cette pression s’avère trop importante, elle peut conduire à une diminution de la diversité de la communauté végétale et, en outre, de toutes les communautés qui en dépendent (de consommateurs primaires et secondaire notamment). La biodiversité jouant un rôle reconnu pour la réalisation de diverses fonctions et services écosystémiques dont les sociétés humaines tirent profit chaque jour, les pressions anthropiques fortes peuvent altérer le maintien de ces services.
Afin d’obtenir des informations complémentaires sur la réponse des communautés végétales aux différents facteurs anthropiques, il est nécessaire d’intégrer la complexité de la notion de diversité, et notamment inclure les facettes taxonomiques, phylogénétiques et fonctionnelles. Par ailleurs, l’échelle spatiale doit être considérée, en comparant les composantes alpha (intra-site) et beta (inter-sites) de la diversité gamma d’une parcelle ou d’une région.
Dans ce projet, une attention particulière a été portée sur la complémentarité de ces approches de la diversité afin de rendre compte de la réponse des communautés végétales du massif jurassien aux modes de gestion agricoles pratiqués dans cette région. La production de différentes AOP fromagères, dont le Comté, offre un cadre original puisque l’existence d’une telle production implique des restrictions concernant la conduite agricole des surfaces prairiales aux exploitants. Nous avons étudié la végétation de 48 parcelles du massif jurassien réparties selon un gradient altitudinal (Premier plateau, Deuxième plateau, Haute-Chaîne) par le biais d’un protocole multi-échelle original pour des surfaces équivalentes à 0,01, 1, 10 et 1000 m². Sur ces mêmes parcelles, les pratiques agricoles ont été renseignées grâce à des enquêtes réalisées auprès des exploitants ; les conditions édaphiques ont elles aussi été étudiées grâce à des sondages de profondeur du sol et des analyses physico-chimiques réalisées sur des prélèvements dans l’horizon de surface.
L’étude simultanée de ces différents jeux de données révèle qu’en utilisant une dichotomie simple pâturages stricts – prairies de fauche (avec, le plus souvent, des périodes de pâturage), les facettes taxonomique, phylogénétique et fonctionnelle (évaluées grâce à l’entropie quadratique de Rao) présentent des réponses similaires : les valeurs sont plus importantes dans les pâturages que dans les prairies à gestion mixte pour la plupart des métriques considérées. En intégrant différentes variables relatives aux types de pratiques (fauche, pâturage, fertilisation) et leurs intensités respectives, il s’avère que le nombre de coupes annuelles et les quantités d’azote, notamment celles issues des engrais industriels sont les pratiques dont les effets sont les plus marqués sur les communautés végétales.
En comparant la composition floristique de 150 relevés réalisés dans les années 1990 avec de nouvelles prospections réalisées en 2012 sur les mêmes surfaces, d’importants changements de la composition floristique sont apparus pour chacune des prairies. La tendance générale pour l’ensemble des parcelles suggère que les communautés actuelles sont davantage adaptées aux défoliations fréquentes et/ou intenses, présentent des préférences écologiques pour les milieux riches en substances nutritives et valeur pastorale plus élevée. La diversité phylogénétique s’avère également différente entre les deux sessions (ce qui n’est pas le cas de la diversité taxonomique de Simpson) et témoigne ainsi d’une réduction de la diversité des lignées avec le temps.
L’analyse des changements pour chaque paire de relevés révèle que l’importance des changements de la composition floristique ne dépend pas de la localisation des relevés, de l’auteur du relevé ancien ou de l’intervalle de temps entre les deux relevés. En revanche, il s’avère que les changements les plus importants concernent les relevés anciens qui présentent de faibles valeurs pastorales, un faible recouvrement de graminées, une tolérance réduite à la défoliation et une importante couverture des espèces tolérantes au stress. L’accumulation de phosphore dans les sols prairiaux, associée aux apports croissants d’azote apportés notamment par les engrais minéraux de synthèse, sont parmi les causes potentielles de ces changements. Bien qu’aucune diminution significative de la diversité taxonomique n’ait été enregistrée dans nos travaux, les changements de composition fonctionnelle déjà observés pourraient à l’avenir aboutir à une érosion de la diversité.
L’existence du cahier des charges de l’AOP Comté dans ce secteur offre un cadre réglementaire pour la gestion des surfaces prairiales vouées à la production de ce fromage. Un grand nombre de restrictions sont définies à l’échelle de l’exploitation, ce qui ne permet pas de garantir une utilisation optimale de l’ensemble des surfaces prairiales d’une exploitation vis-à-vis de la biodiversité. Cependant, c’est la diversité des situations des parcelles au sein d’une même exploitation qui permet de garantir un double enjeu : celui du maintien de la diversité dans les parcelles les moins productives (de par leur topographie, localisation, conditions édaphiques, etc.) et de la production de fourrage dans les parcelles productives et facilement accessibles. C’est donc la diversification des pratiques au sein même d’une exploitation qui permettra de concilier les enjeux de biodiversité et de production. |
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Mauchamp, Leslie
, 2014.
Biodiversité et gestion des écosystèmes prairiaux en Franche-Comté.
Université de Franche-Comté, Besançon.
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